« On devrait oser avouer qu’on ne sait rien de l’IA »

ISACA organise un cycle de cinq cours sur l’utilisation sûre et judicieuse de l’IA dans les entreprises, et c’est nécessaire, selon Eric Prusch, PDG. « En Europe, seules 15 % des organisations appliquent une stratégie en matière d’IA et deux tiers d’entre elles craignent qu’elles n’abordent pas suffisamment l’aspect éthique. »

« On connaît de mieux en mieux l’IA, mais pas suffisamment vite », explique Eric Prusch, PDG d’ISACA (« Information Systems Audit and Control Association ») C’est à peine un an après sa nomination à la tête de cette organisation mondiale, axée sur le soutien aux professionnels de la confiance numérique, que nous lui parlons. Et comme il a fait ses débuts ! ISACA est au cœur du battage médiatique autour de l’IA et du problème lié à sa mise en œuvre en toute sécurité dans les entreprises.

C’est le tout neuf Digital Trust Ecosystem Framework, qui aide les organisations à intégrer la technologie de manière durable. De plus, ISACA prépare le lancement de cinq cours sur l’IA, pour tous les niveaux de connaissance. En outre, l’ISACA est sur le point de lancer cinq cours sur l’IA, destinés à tous les niveaux de connaissances.

Une évolution lente

« L’année dernière, la compréhension de l’IA a évolué dans le bon sens, mais pas suffisamment vite », selon Prusch. « Notre organisation veut bien comprendre le problème et contribuer à trouver une solution. »

« L’année dernière, la compréhension de l’IA a évolué dans le bon sens, mais pas suffisamment vite »

Eric Prusch, CEO ISACA

Le PDG expose le problème : « Les recherches montrent qu’à peine 15 % des entreprises ont aujourd’hui mis une stratégie d’IA en place. Moins d’un tiers d’entre elles ont déjà réfléchi à l’aspect éthique de l’IA. Mais 99 % comprennent bien que l’IA peut potentiellement être utilisée par des personnes mal intentionnées. »

« Le public est de plus en plus sensibilisé à l’IA et aux problèmes potentiels, ce qui est positif », poursuit Prusch. « Mais les solutions concrètes ne suivent toujours pas le même rythme. »

Sachez que vous ne savez pas

Prusch constate un problème important et très humain : « C’est dans la nature humaine de se surestimer, de crainte de se sentir moins capable que les autres. On veut tous être des experts, mais peu de gens y consacrent vraiment du temps. Les gens surestiment donc leurs connaissances en matière d’IA. C’est à nous de transcender ce problème et d’expliquer clairement qu’il est normal d’avouer que l’on ne sait rien ou pas grand-chose. »

Il faut encore surmonter cet obstacle important, selon lui. « Par exemple, sur les réseaux sociaux, les soi-disant experts parlent souvent de l’IA. Et qu’ont-ils fait ? Ont-ils déjà déployé des solutions pour les entreprises ? Et ces solutions ont-elles déjà été vérifiées ? »

ISACA veut apporter des améliorations. « C’est à nous de former de véritables experts. Pour ce faire, il faut ne pas oublier est les bases, et cela fait défaut aujourd’hui. On ne peut pas enseigner l’astrophysique à quelqu’un qui n’a pas appris les mathématiques de base. »

Formation par le secteur

L’ISACA compte environ 180 000 membres dans le monde. Ces membres ont des profils du monde des affaires, et sont confrontés chaque jour à des questions relatives à la confiance numérique et au rôle de l’IA. Les cours qu’ISACA développe sont nés à partir des besoins réels de ces membres. Prusch dit : « Nous n’avons pas seulement organisé des sondages, mais aussi réuni les membres physiquement dans des groupes de discussion. »

Prusch sait très bien ses limites dans le domaine de l’IA et est un exemple à suivre en termes de connaissance de soi. « J’avoue directement que mes connaissances en matière d’IA sont assez rudimentaires. Et je serai en tête de file pour suivre les cours quand ils sortiront. On ne peut jamais être trop informé. »

Saisir la balle au bond

Selon Prusch, il y a du pain sur la planche, car les statistiques citées plus haut sont bien réelles. « La confiance est déjà un problème croissant. Seuls 7 % des professionnels de l’informatique de l’Union européenne disent avoir une confiance absolue dans leur organisation. Entre-temps, l’écosystème numérique devient de plus en plus complexe et les organisations subissent de plus en plus de menaces. La situation risque de ne pas s’améliorer assez rapidement. »

Les conséquences du déclin de la confiance numérique sont énormes.

Eric Prusch, PDG d’ISACA

« L’Europe a généralement de bonnes idées », poursuit-il, faisant allusion à toutes sortes de législations, y compris la loi sur l’IA. « Mais le chemin est encore long et les conséquences de la dégradation de la confiance dans le numérique sont énormes. Il faut que tout le monde prenne conscience. »

Départ éclair

Selon Prusch, la solution réside en grande partie dans une collaboration plus étroite avec le secteur de l’éducation. Il fait le parallèle avec l’informatique : « Cette discipline n’existait pas, mais des masters ont été créés, suivis d’un essor des talents et du développement. Pour la confiance numérique aussi, il y a beaucoup de bons emplois. Il ne suffit pas d’acquérir les bonnes compétences sur le lieu de travail, il faut aussi acquérir l’expertise nécessaire pendant les études. »

ISACA essaie de collaborer le plus possible avec les institutions éducatives. « Notre objectif est de faire reconnaître nos cours pour l’enseignement », souligne Prusch. « De cette façon, les gens acquièrent les connaissances nécessaires dès le départ et peuvent prendre un bon départ dans leur travail. »

Le PDG d’ISACA reconnaît bien le défi et garde une attitude positive. Son organisation a identifié les points faibles et s’y attaque méthodiquement avec le soutien d’un réseau mondial de bénévoles ayant une expertise sectorielle. « Je suis optimiste à propos des résultats possibles dans le monde professionnel », conclut-il.

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