L’IA qui doit résoudre l’IA. Cela peut sembler étrange, mais dans le cas de Schneider Electric, c’est la clé du succès pour faire fonctionner les centres de données de manière plus efficace et plus durable.
L’essor explosif des applications d’IA transforme le paysage des centres de données. Ces systèmes consomment d’énormes quantités d’énergie et produisent une chaleur intense, ce qui entraîne des exigences toujours plus élevées en matière de gestion de l’énergie et de refroidissement.
Et ironiquement, c’est précisément l’IA elle-même qui peut être la clé d’une amélioration radicale de l’efficacité et de la durabilité de cette infrastructure.
Lors d’une visite du site du centre de données Start Campus au Portugal, qui utilise un refroidissement marin innovant, nous voyons les dernières innovations de Schneider Electric à l’œuvre. L’appel à une plus grande capacité de centres de données se fait également entendre là-bas en raison des nombreuses applications d’IA qui se développent en termes d’utilisation (et de consommation).
Le défi : l’IA demande et émet de la chaleur
Le calcul de l’IA génère des charges thermiques exceptionnellement élevées, en particulier lors de l’entraînement de grands modèles. Le refroidissement traditionnel par air atteint déjà ses limites à 50 kilowatts (kW) par rack. Avec l’IA, ces valeurs peuvent facilement atteindre 150 kW ou plus. C’est pourquoi le refroidissement liquide est devenu indispensable pour éviter la surchauffe et garantir les performances.
Marc Garner, SVP Secure Power Europe chez Schneider Electric : « Les centres de données du futur doivent être conçus pour supporter dès aujourd’hui 200 kW par rack, avec la flexibilité de peut-être supporter 600 kW ou même 800 kW demain. »
Les centres de données du futur doivent être conçus pour supporter dès aujourd’hui 200 kW par rack, avec la flexibilité de peut-être supporter 600 kW ou même 800 kW demain.
Marc Garner, SVP Secure Power Europe chez Schneider Electric
Un système basé sur le liquide nécessite également un ajustement constant : même de petites fluctuations de température peuvent mettre les performances du GPU sous pression ou conduire à un étranglement thermique. C’est pourquoi, selon Garner, l’approche classique « configurer et oublier » est inadéquate à l’ère de l’IA.
L’IA comme régisseur du refroidissement
Utiliser l’IA pour refroidir l’infrastructure d’IA : l’idée peut sembler paradoxale, mais c’est précisément là que réside sa force. Des algorithmes avancés peuvent analyser en continu des données de mesure telles que la température, le débit ou la charge, et ajuster les paramètres de refroidissement en temps réel.
Pankaj Sharma, EVP Secure Power Division chez Schneider Electric, apporte des précisions supplémentaires : « L’IA pour l’énergie et l’énergie pour l’IA — c’est l’équation que nous devons sans cesse résoudre. Oui, l’IA consomme beaucoup, mais la même technologie peut nous aider à réduire drastiquement cette consommation. » Schneider prêche cette vision depuis son Sommet de l’Innovation à Paris l’année dernière.

En intégrant l’IA dans le modèle de régulation, un centre de données peut s’auto-ajuster. Pensez par exemple à réduire les débits là où c’est possible, à éteindre les éléments de refroidissement lorsqu’ils ne sont pas nécessaires, ou à affiner le contrôle des pompes et des ventilateurs selon les prévisions.
Point stratégique : infrastructure IA de bout en bout
Pour Schneider Electric, ce n’est pas simplement une expérience technologique, mais un pilier central de son offre. Leurs portefeuilles pour les centres de données IA comprennent des solutions « du réseau à la puce » avec un focus sur l’alimentation électrique, la qualité de l’énergie et l’évacuation de la chaleur.
Robert Dunn, PDG du projet Start Campus, a souligné l’échelle et l’ambition : « Ce que nous construisons ici est le plus grand et le plus durable écosystème de données d’Europe. Avec un PUE de 1,1, une consommation d’eau nulle et une puissance de 1,2 gigawatt, nous établissons une nouvelle norme pour l’industrie. »
Les collaborations avec les fabricants de GPU rendent ces conceptions pérennes. Garner : « Nous avons des relations solides avec des fournisseurs comme Nvidia, non seulement pour soutenir leur feuille de route actuelle, mais aussi pour préparer notre propre infrastructure aux charges de travail de demain. »
La collaboration avec Nvidia n’est pas seulement là pour soutenir leur feuille de route actuelle, mais aussi pour préparer notre propre infrastructure aux charges de travail de demain.
Marc Garner, SVP Secure Power Europe chez Schneider Electric
L’acquisition de Motivair plus tôt cette année s’inscrit également dans cette ambition. Avec le spécialiste du refroidissement, Schneider Electric a récemment mis en avant son offre de bout en bout pour l’infrastructure des centres de données IA.
Conclusion : l’IA comme levier pour l’infrastructure IA
L’engouement pour l’IA n’est pas sans impact sur l’infrastructure énergétique. Selon l’Institut de Recherche sur la Durabilité de Schneider, l’IA pourrait être responsable de 20 à 50 % de la croissance de la consommation d’électricité aux États-Unis entre 2025 et 2030.
L’optimisation du refroidissement basée sur l’IA est aujourd’hui plus qu’une curiosité : elle forme le système nerveux qui rend ces systèmes avancés efficaces. La prochaine génération de centres de données ne doit pas seulement être puissante en matériel, mais aussi intelligente en gestion.
En intégrant l’IA dans les systèmes de refroidissement et d’énergie, un centre de données s’auto-ajustera, lissera les pics et minimisera les pertes de puissance selon Schneider Electric. Ces caractéristiques sont précisément ce qui est nécessaire à une époque où l’IA elle-même devient une charge de plus en plus lourde pour les réseaux énergétiques.
Comme le résume Sharma : « Nous ne devons pas seulement réfléchir à la quantité d’énergie que l’IA demande, mais aussi à la quantité que l’IA peut redonner à notre histoire énergétique. »