Microsoft a cessé une partie de ses services au ministère israélien de la Défense. L’entreprise a conclu que l’armée israélienne utilisait ses services pour de la surveillance de masse.
Après une enquête interne, Microsoft a mis fin à une partie de ses services au ministère de la Défense d’Israël. Cette enquête fait suite à un article de The Guardian, publié le 6 août. L’article révélait qu’Israël, et plus particulièrement l’Unité 8200, utilisait Azure pour la surveillance de masse des Palestiniens.
D’Azure aux frappes aériennes
L’Unité 8200 est le service de renseignement clandestin de l’armée israélienne. Cette division est régulièrement associée à des violations des droits de l’homme et du droit de la guerre. L’Unité 8200 aurait stocké massivement des données de télécommunications, y compris des conversations téléphoniques de Palestiniens, sur des serveurs Azure depuis 2022. Le stockage cloud s’est avéré être la seule option pour conserver l’immense volume de conversations téléphoniques de toute une population.
Les données collectées sur Azure ont ensuite été utilisées par l’Unité 8200 pour sélectionner des cibles. Selon The Guardian, les données sur Azure auraient joué un rôle dans au moins une partie des frappes (aériennes) sur Gaza, dont le bilan des morts a désormais dépassé les 64 000 personnes.
Centre de données aux Pays-Bas
Microsoft a lancé une enquête le 15 août suite à l’article. Entre-temps, Redmond a conclu que ce que The Guardian rapportait était au moins partiellement exact. Microsoft base cette conclusion sur la consommation du stockage Azure par le ministère israélien de la Défense dans le centre de données aux Pays-Bas, ainsi que sur la consommation des services d’IA.
Microsoft insiste sur le fait qu’elle privilégie la confidentialité des clients et n’a à aucun moment consulté les données en question. La conclusion est basée sur des données commerciales telles que les contrats, les documents internes, les e-mails et autres éléments.
Contre la politique
La surveillance de masse est contraire aux règles d’utilisation que Microsoft impose à ses clients. En conséquence, Microsoft a mis fin à certains abonnements et services. Microsoft ne précise pas quels services Azure sont concernés. L’enquête n’est pas terminée avec cette étape, indique Microsoft.
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De 2022 à aujourd’hui, Microsoft a reçu des frais d’abonnement d’Israël et de l’Unité 8200 pour le stockage massif de données de surveillance, qui ont servi de source pour des attaques mortelles. Malgré les protestations des employés, une enquête n’a été ouverte qu’après l’article de The Guardian. Microsoft note que The Guardian a obtenu pour son reportage des informations qui n’étaient pas accessibles à Microsoft même.
‘Guidée par des principes et l’éthique’
Microsoft affirme qu’elle reste « une entreprise guidée par des principes et l’éthique ». Pourtant, Microsoft est encore impliquée dans d’autres domaines dans le soutien à l’armée israélienne ainsi qu’au système pénitentiaire, à la police et aux institutions civiles dans les territoires occupés.
L’entreprise n’a pas l’intention de mettre fin à sa collaboration plus large avec Israël ou le ministère de la Défense. Bien qu’il existe un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale contre le Premier ministre Netanyahu et le ministre de la Défense Gallant, que l’ONU et les scientifiques qualifient les actions d’Israël de génocide, et qu’une famine sévit à Gaza comme conséquence directe des actions d’Israël, Microsoft souligne que la collaboration continue. Microsoft fait référence à « l’important travail concernant la cybersécurité d’Israël et d’autres pays du Moyen-Orient. »
L’entreprise n’est pas seule. Pratiquement tous les géants technologiques américains soutiennent d’une manière ou d’une autre le régime israélien, la colonisation et le génocide à Gaza. Google vient d’arrêter (à nouveau après l’attention des médias) une partie d’une campagne de propagande d’Israël, pour laquelle elle aurait reçu environ 40 millions d’euros.