La Belgique tente de sauver le projet européen de blockchain tombé à l’eau

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La Commission européenne a déjà investi plus de 60 millions d’euros dans le développement d’une plateforme blockchain qui a du mal à démarrer. La Belgique, sous sa présidence, tente aujourd’hui de relancer le projet.

Il semblait que le Consortium européen pour l’infrastructure des services de la blockchain (« European Blockchain Services Infrastructure Consortium » ou EBSI) mourrait à petit feu, jusqu’à ce que la Belgique accepte temporairement la présidence en janvier. Notre pays, et surtout le secrétaire d’État à la Digitalisation Mathieu Michel (MR), semblent toujours avoir une grande foi dans le projet. Selon Politico, Michel serait fixé absolument de faire vivre le projet.

EBSI

Commençons par un petit aperçu historique. Le projet EBSI a été annoncé en 2018 pour réunir les secteurs privé et public autour de la technologie blockchain. Au départ, d’énormes ambitions ont été affichées et plusieurs millions d’euros ont été injectés dans le développement de projets pilotes.

Pour de diverses raisons, la plateforme n’a jamais vraiment démarré. Les personnes impliquées ont déclaré à Politico que l’intérêt pour le projet s’est rapidement estompé. Les obstacles juridiques et la mauvaise coopération entre les États membres n’ont pas vraiment aidé non plus. La Commission européenne a réduit radicalement les subventions à partir de 2022 pour dégager plus d’argent en faveur d’une autre technologie en vogue : l’intelligence artificielle. Tout le projet a déjà coûté à l’Europe plus de 60 millions d’euros et le résultat se fait attendre.

Une renaissance dans le métavers ?

Une entreprise avisée refuserait de continuer à dépenser autant de millions d’euros pour un projet qui ne porte pas ses fruits, et l’EBSI a également semblé trouver sa fin en silence. Mais Michel, un vrai partisan de la blockchain, voit dans la présidence belge l’occasion de relancer le projet. Pour lui, l’argent investi n’est pas perdu.

« Même si on perd 800 000 euros, ce n’est pas un gaspillage comparé à tout ce que cela peut rapporter », a déclaré le ministre à Politico en janvier dernier. « La question n’est pas de décider et même d’être sûr qu’on a l’avenir dans nos mains. Il faut découvrir et innover. »

Comme la blockchain n’est plus aussi branchée aujourd’hui qu’en 2018, Michel attache le projet à un autre cheval de bataille : le métavers. Il pense que le projet peut être rebaptisé écosystème métavers. Le projet s’appellera Europeum et, en fait, 9 des 27 États membres auraient déjà accepté d’y participer. Mais la France et l’Allemagne, les États membres les plus puissants, ne soutiennent pas le projet pour l’instant.

C’est maintenant ou jamais

Et quand même, les ambitions de Michel suscitent encore beaucoup de réserves. Les initiés décrivent la vision de Michel concernant le métavers comme « peu claire ». « Quand il essaie d’expliquer ce qu’il fait, il ne peut pas le faire clairement parce que ce n’est pas clair », explique une source anonyme à Politico. Le fait que l’Union européenne ait déjà gaspillé 387 000 euros pour un « gala du métavers » réunissant un nombre astronomique de six participants n’est pas favorable non plus.

Michel n’a donc plus beaucoup de temps pour réaliser son rêve. En juin, notre pays doit repasser le flambeau et on ne voit pas comment quelqu’un se lèvera ensuite pour reprendre le bâton. Une autre source anonyme dit à Politico : « Il serait dommage de soutenir le projet aujourd’hui et de le négliger plus tard. La plus rude épreuve commence à la fin de la présidence belge. »

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