Parlement européen : interdiction des techniques addictives dans les applis

Les députés européens veulent freiner l’utilisation de techniques addictives telles que le défilement sans fin dans les applis. La réglementation proposée se concentre principalement sur les médias sociaux, contre lesquels, selon le Parlement, l’autodiscipline habituelle n’est pas toujours à la hauteur, avec toutes les conséquences négatives qui en découlent.

Le Parlement européen veut mettre fin aux techniques et applications addictives que les entreprises utilisent pour tenter de garder les gens collés au petit écran. Ce sont ce qu’on appelle les motifs sombres (dark patterns) et les fonctionnalités délibérément addictives. Les développeurs d’applications et les psychologues travaillent ensemble pour les entreprises de médias sociaux mais aussi les éditeurs de jeux fremium, entre autres, pour pousser inconsciemment les utilisateurs à un comportement spécifique. Avec les jeux, l’intention peut alors être d’orienter le joueur vers des microtransactions, tandis que les médias sociaux veulent montrer autant de publicités que possible afin principalement de continuer à faire défiler les gens.

La santé mentale en danger

« Aucune autodiscipline n’est à la hauteur du sac à malices de Big Tech, rempli par des armées de designers et de psychologues dont le but est de vous garder collés à votre écran », déclare l’eurodéputé Kim Van Sparrentak (Pays-Bas – Verts/ALE). « Et si nous n’agissons pas maintenant, ces pratiques auront un impact sur la santé mentale et le développement du cerveau des générations futures. »

Les techniques addictives et les motifs sombres qui guident inconsciemment sont bons pour les caisses des développeurs d’applis, mais ont un impact pernicieux sur les utilisateurs dont les vulnérabilités humaines inhérentes sont exploitées de manière professionnelle. Le Parlement européen s’inquiète des conséquences négatives telles que la baisse de la concentration, des capacités cognitives, l’augmentation des symptômes de stress, de dépression et d’épuisement professionnel, ainsi que la limitation des mouvements physiques que la dépendance au smartphone favorise. Il est certain que l’impact sur la santé des mineurs pose problème. C’est pourquoi il demande que des recherches plus approfondies soient menées.

Mesures concrètes

Plus précisément, le Parlement européen souhaite que l’UE légifère pour protéger les citoyens, même si cela peut se faire au détriment des profits des plates-formes de médias sociaux. Pour ce faire, il envisage plusieurs mécanismes :

  • Les techniques addictives telles que le défilement sans fin et la lecture automatique doivent disparaître
  • Il faut passer de la notion d’économie de l’attention à celle de design éthique
  • Il faut qu’il y ait un message numérique pour ne pas être dérangé
  • Tous les services et produits en ligne doivent être sûrs pour les enfants

Le Parlement clarifie encore quelques points, en soulignant, par exemple, que les notifications des applis devraient être désactivées par défaut. Cela permet de ne pas recevoir automatiquement une notification pour redémarrer un jeu addictif parce qu’une récompense vous y attend supposément. Les flux sur les médias sociaux devraient à nouveau être chronologiques, ce qui permet de se rendre compte plus facilement que l’on a vu toutes les nouveautés. Il devrait également y avoir des résumés accessibles du temps d’écran des applications, des verrous numériques pour freiner l’utilisation pour ceux qui le souhaitent et un mode noir et blanc pour être moins séduisant.

Le Parlementaire européen ne dit pas que toute la responsabilité repose sur les épaules des développeurs et souhaite également sensibiliser les citoyens à l’aide de campagnes. Ces campagnes devraient encourager des habitudes en ligne plus sûres et plus saines.

La dépendance est universelle

Le Digimeter a indiqué plus tôt cette année que 42 % des Flamands se sentent dépendants voire accros à leur smartphone. Des études nationales et internationales montrent à maintes reprises que les gens ont du mal à résister aux stimuli délibérément addictifs des applications. Pour son initiative, le Parlement européen lui-même met en avant des recherches qui établissent un lien entre l’utilisation problématique des smartphones et de l’Internet et les problèmes de santé mentale. Un jeune sur quatre âgé de 16 à 24 ans manifesterait quant à lui un comportement problématique à l’égard des smartphones, ayant des traits de l’addiction.

Le projet du Parlement n’est que cela : un projet. Il n’y a pas encore de législation en place. Les députés demandent maintenant à la Commission européenne de travailler sur un cadre législatif. Si ce n’est pas le cas, le parlement exercera lui-même son droit d’initiative législative. L’appel au Parlement a déjà été largement soutenu, avec 545 voix pour, 61 abstentions et à peine 12 voix contre.

Ces dernières années, l’UE a pris une longueur d’avance au niveau mondial en réglementant l’industrie de la tech avec une législation de premier plan. Peu de gens soutiendraient que des règles comme le GDPR, le NIS2 et la loi sur l’IA récemment adoptée sont parfaites, mais le consensus est que l’Europe fait ici à chaque fois d’importants et grands pas dans la bonne direction.

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