Une enquête de grande envergure sur la corruption est en cours en Belgique. Huawei est accusé d’avoir soudoyé des parlementaires européens en échange d’un avis favorable.
Hier, 21 perquisitions ont eu lieu en Belgique et au Portugal dans le cadre d’une enquête d’envergure sur des faits de corruption au sein du Parlement européen. Cette information, rapportée par plusieurs médias belges, a été confirmée par le parquet fédéral. L’affaire concernerait Huawei, qui aurait prétendument soudoyé des parlementaires en échange d’un soutien favorable au sein du Parlement.
Discrètement et régulièrement
Huawei aurait approché les parlementaires et leurs collaborateurs avec des dîners, des voyages, des billets pour des matchs de football et de nouveaux téléphones. En échange, les parlementaires auraient défendu les intérêts de l’entreprise au parlement. Selon le parquet, les faits se déroulent depuis 2021 et tout se passait ‘discrètement et très régulièrement’, déclare un porte-parole à VRTNWS.
Les cadeaux ont été payés par l’intermédiaire de tiers sous couvert de conférences, notamment via une société établie au Portugal. « Tout cela dans le but de promouvoir des intérêts commerciaux purement privés dans le contexte de décisions politiques », ajoute le parquet.
Selon des sources de VRTNWS, une quinzaine de parlementaires figureraient sur la liste des enquêteurs, mais leur identité est inconnue. Nous savons seulement qu’aucun homme politique belge n’est visé. Aucune perquisition n’a encore été effectuée chez des parlementaires. Il est possible que le parquet demande, à un stade ultérieur de l’enquête, la levée de l’immunité parlementaire des hommes politiques concernés.
Quelques personnes soupçonnées d’avoir effectivement participé à la corruption ont été arrêtées lors de l’opération de ce matin. La principale cible est un certain Valerio Otati, qui s’occupe des relations publiques de Huawei depuis 2019 et qui était auparavant collaborateur de deux parlementaires.
Lobbying ou corruption
L’enquête doit déterminer si Huawei a franchi la limite entre le lobbying et la corruption. Le lobbying, l’influence sur la prise de décision en faveur d’une organisation, n’est pas en soi une activité criminelle. Huawei est enregistré comme organisation de lobbying. Mais lorsque des parlementaires reçoivent de l’argent ou d’autres cadeaux pour changer d’avis, on parle alors de corruption.
L’entreprise se passerait bien de cette nouvelle tourmente. Depuis 2019, Huawei est au cœur d’une polémique depuis que les États-Unis ont commencé à l’accuser d’espionnage pour le compte du gouvernement chinois, ce qui a porté un coup sévère à ses activités en Europe. Sous la pression américaine, plusieurs pays européens, dont la Belgique, ont décidé d’exclure Huawei du déploiement de leurs réseaux 5G.
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Par l’intermédiaire de l’agence de presse française AFP, Huawei affirme appliquer une ‘tolérance zéro’ en matière de corruption. La déclaration précise : « Nous prenons ces allégations au sérieux et communiquerons de toute urgence avec les enquêteurs afin de mieux appréhender la situation. »
Mis à jour le 14 mars à 8h30 avec une réaction de Huawei.