La vente de machines par ASML à la Chine ne tombe pas sous le coup des lois sur l’exportation des produits dits à double usage. Bien que les micropuces fabriquées avec les appareils d’ASML aient des applications militaires, ASML ne devrait pas détailler les ventes.
La vente par ASML de machines de lithographie à la Chine n’est pas couverte par le régime néerlandais des exportations à double usage. Cette information n’est pas nouvelle, mais elle n’est connue que depuis peu, selon Reuters. Les règles relatives au double usage s’appliquent essentiellement aux produits qui ont des applications à la fois commerciales et militaires. Les micropuces entrent dans cette catégorie : vous pouvez les utiliser pour fabriquer des PC, mais aussi pour contrôler des fusées, construire des drones (autonomes) ou simuler des explosions nucléaires. Les machines de lithographie d’ASML sont un élément essentiel pour tous ceux qui veulent construire des micropuces modernes.
Exception
Toutefois, le gouvernement néerlandais estime que les contrats d’un milliard de dollars conclus avec des entreprises chinoises ne relèvent pas des règles relatives aux exportations à double usage. ASML a réalisé pour 7 milliards de dollars d’affaires avec la Chine au cours des neuf premiers mois de l’année 2024, mais n’est pas tenue de communiquer d’autres détails sur les exportations.
Ceci est néanmoins important pour ceux qui veulent évaluer les capacités de la Chine. Les machines vendues par ASML sont directement liées aux puces que la Chine peut fabriquer. Les machines Deep UV et Extreme UV nécessitent une licence d’exportation. Les machines EUV sont considérées comme sensibles par l’Europe et ASML doit communiquer des détails dans ce contexte. Les licences DUV, par contre, sont une affaire néerlandaise. ASML ne doit pas communiquer de détails à ce sujet, car cela serait trop sensible pour les entreprises.
Ligne fine
Les Pays-Bas tentent de trouver le juste milieu. D’une part, ils doivent prendre à cœur les intérêts européens, mais aussi américains. Les États-Unis mènent une guerre commerciale technologique avec la Chine pour l’empêcher d’acquérir des accélérateurs d’IA et d’imiter les Américains. Des restrictions strictes à l’exportation des puces Nvidia ont donc été mises en place. Les États-Unis préféreraient que les Chinois n’aient plus accès aux machines ASML, car ASML est un monopole en termes d’équipements essentiels et extrêmement complexes pour la fabrication de puces.
D’autre part, ASML est une fierté économique nationale néerlandaise et la Chine est un client important. Les Pays-Bas ne voient pas d’interdiction d’exportation. Ils ne veulent pas être restrictifs au point que les mesures prises causent des dommages économiques inutiles.